Information
le jeudi 4 novembre à 18h
Faculté de Lettres - amphi Genevaux - Campus du Moufia Saint-Denis
La CONFÉRENCIÈRE :
Laurence POURCHEZ
Professeure en anthropologie à l'INALCO (Institut national des langues et civilisations orientales) -Paris Sorbonne
La CONFÉRENCE :
L'anthropologie et la "mission civilisatrice de la France"
Il s'agira, dans cette conférence, de revenir sur l'histoire de l'anthropologie dans un premier temps, puis, dans un second temps, sur l'histoire de l'anthropologie française et sur la manière dont cette science a été, jusqu'aux années 1950 (et même parfois au-delà) instrumentalisée à des fins notamment politiques. Dans un contexte marqué par la colonisation, l'anthropologie servait en effet alors la politique comme lorsque Evans Pritchard fut envoyé, par le gouvernement anglo-égyptien, "étudier" les Nuers que l'on en parvenait pas à soumettre ou lorsque les Allemands, de leur côté, utilisèrent l'anthropologie pour légitimer la violence extrême de leur action en Afrique du sud. 80% du peuple Herrero fut exterminé et 50% du peuple Nama, entre 1904 et 1908, et les crânes des personnes décédées furent envoyées à Berlin afin de prouver la supériorité de ce que l'on nommait alors la "race" aryenne.
Dans le cas de la France, l'anthropologie a notamment servi à légitimer ce qui était alors nommé "l'oeuvre civilisatrice de la France". Il était en effet attendu des anthropologues qu'ils valident la nécessité des interventions des colonisateurs.
Je m'appuierai sur différents travaux de la première moitié du XXième siècle comme ceux de Marcel Griaule, dont l'attitude, lors de la mission Dakar Djibouti fut dénoncée par Michel Leiris ainsi que sur le manuel,rédigé par Georges Hardy qui servait à l'époque d'ouvrage de référence lors de la formation des futurs administrateurs des colonies.